Charles Spindler
et les collaborations artistiques
Les rencontres et les amitiés artistiques nouées par les Spindler ont été riches tout au long de leurs existences. Elles ont régulièrement nourri leur veine créatrice et ont fait naître des œuvres remarquables.
Charles Spindler a été en relation avec les créateurs de son époque. Ami du nancéen Victor PROUVÉ, il est aussi proche du sculpteur originaire de Saverne, François-Rupert CARABIN, dont il soutient la candidature, en 1920, à la direction de l’École des arts décoratifs de Strasbourg.
Photo de Carabin à Saint-Léonard
Les amitiés artistiques sont vives dès la création du cercle de Saint-Léonard :
Anselme Laugel et Charles Spindler publieront ensemble Costumes et coutumes d’Alsace, y attirent à partir de 1889 leurs amis artistes alsaciens et allemands.
Charles Spindler crée son atelier de marqueterie et sollicite de nombreux collaborateurs pour des projets artistiques : Paul BRAUNAGEL et Auguste CAMMISSAR y travaillent le vitrail, les frères VON ZSCHOK la ferronnerie, Désiré CHRISTIAN la verrerie, GRAFF et l’entreprise JACQUEMIN l’ébénisterie et plus tard, participant aux expositions de Charles Spindler, Jean-Désiré RINGEL D’ILLZACH y créé des œuvres sculptées.
Photo ancienne de la chimère, exposée à Dresde en 1906.
À l’image des Vereinigten Werkstätten de Munich, fondés par Bruno Paul et Otto Krüger en 1898, se crée un petit atelier d’art alsacien empreint de Jugendstil.
En 1899, Charles Spindler accompagne Bruno Paul et Otto Krüger à Valérysthal en Lorraine pour apprendre à y souffler du verre. Il les invite ensuite à Saint-Léonard pour y découvrir l’art de la marqueterie. Leurs échanges sont féconds, leurs idées sur l’art, riches d’enseignement.
Pour les expositions de Turin (1902) et de Saint-Louis aux États-Unis (1904), Charles Spindler collabore avec le céramiste Léon ELCHINGER, lequel réalise un décor de grès flammé pour la cheminée surmontée d’une marqueterie représentant des Alsaciennes qui composait l’ensemble d’un bureau fumoir. Responsable de l’entreprise familiale à Soufflenheim, ELCHINGER avait décoré en 1892 la façade de l’École des arts décoratifs de Strasbourg.
Pour les frères WINGERTER, potiers à Betschdorf, Charles dessine le décor de vases, de pots et de service à café.
Trépier de Charles Spindler et cache pot de céramique de Léon Elchinger
Charles Spindler se lie avec Joseph Maria Olbrich, cofondateur de la Sécession à Viennoise. Ils se rencontrent à la Künstlerkolonie de Darmstadt et collaborent au pavillon de l'exposition universelle de Saint-Louis (U.S.A.) en 1904.
Spindler et les BUGATTI
Suite à l’exposition de Turin en 1902, Charles rencontre le créateur du salon Escargot, Carlo BUGATTI, patriarche de la famille de constructeurs automobiles dont les Spindler deviennent amis. Son fils, Ettore BUGATTI, s’installe en 1909 à Molsheim et y aménage son usine. Charles participe à la décoration de la maison familiale et réalise les panneaux intérieure de la luxueuse roulotte des BUGATTI en 1924 : un ciel traversé par un vol de cigognes.
Son fils Paul devient, à son tour, un proche de la famille. Attiré par le modelage et la sculpture, il ne se lasse pas d’admirer l’œuvre animalière de Rembrandt BUGATTI, le frère du constructeur automobile. Il a aussi l’occasion d’y voir travailler le sculpteur Paul Troubetskoy qui réalise sur place une statue équestre d’Ettore.
Photo ancienne Ettore Bugatti et sa fille Lidia arrivant à Saint-Léonard en voiture à cheval (vers 1930)
Spindler et les LALIQUE
Par son ami, le peintre Georges PICARD, qui séjourne régulièrement l’été à Obernai et qui est un proche de René LALIQUE et de sa fille Suzanne, épouse de Paul Haviland, Charles Spindler fait la rencontre de Marc LALIQUE qui prend la direction des verreries de Wingen fondées par son père.
Conversation entre Charles Spindler et Pierre Weissenburger (à droite), pendant la guerre à Saint-Léonard
Pour le viticulteur Pierre Weissenburger d’Obernai, il crée l’étiquette de ses bouteilles de vins et travaille avec la maison Lalique à la réalisation de la verrerie et du saut à champagne du Clos Sainte-Odile.
Étiquette à vin du Clos Ste-Odile
Les décors de l’hostellerie du Clos Sainte-Odile bénéficient de la même réunion d’artistes : Spindler produit le décor de la cheminée et des marqueteries, LALIQUE crée les lustres, les appliques et le service de verres, et ELCHINGER réalise des pots en céramiques.
C’est avec Pierre Weissenburger que vient aussi à Saint-Léonard le couturier Paul POIRET, précurseur du style Art déco.
Saint-Léonard a été le lieu des plus fameuses collaborations entre artistes. La Maison Spindler continue aujourd’hui de faire naître de remarquables rencontres avec des collectionneurs et des commanditaires de renom.