Savoir-faire
La naissance d’une marqueterie d’art singulière
À l’origine, la marqueterie est destinée au décor du mobilier. Née en Asie Mineure, elle s’est développée en Italie au XVe siècle, puis en France, au XVIIIe siècle, avec Boulle, Oeben et Riesener. La marqueterie alsacienne apparaît dès la Renaissance mais son histoire est surtout liée au renouveau culturel de la fin du XIXe et à un homme : Charles Spindler.
Grâce à l’Art nouveau et au champ de création initié par Gallé et Majorelle au sein de l’École de Nancy, Charles Spindler a redécouvert la marqueterie quelque peu délaissée à la fin du XIXe siècle et a renouvelé cette pratique en en faisant un art de chevalet.
L’artiste n’est pas ébéniste, mais peintre de formation. Sa grande originalité est de concevoir la marqueterie en tableau de bois et de réinventer sa palette en s’inspirant des thèmes de sa région, l’Alsace. Cette mode du tableau est devenue ensuite une « spécialité alsacienne » prolongée et renouvelée par Paul et Jean-Charles Spindler.
Un artisanat d’exception : le mariage du bois et du dessin
La création d’une marqueterie commence d’abord par un dessin. Le trait doit créer une composition remarquable. Pour parvenir à traduire dans le bois les nuances qu’offrent la peinture ou les effets de l’aquarelle, le métier demande un long apprentissage et une connaissance exceptionnelle de la matière.
Un panneau de marqueterie est composé d’une multitude de morceaux de bois de placage. Les fines lamelles de placage proviennent de quantité d’espèces d’arbres. L’artiste s’est constitué une véritable collection de bois choisis en fonction de leurs nuances et de leurs couleurs naturelles.
Derrière la prouesse technique de la découpe et des assemblages, se cachent les secrets de l’alchimie des couleurs et des matières qui est, avec la stylisation du projet, la partie artistique de la démarche.
Pour réaliser une pièce de marqueterie, les éléments du dessin sont découpés et collés sur des essences de bois de placage sélectionnés et aplanis. Chaque élément du tableau est découpé à l’aide d’une scie munie d’une lame extrêmement fine qui permet de suivre avec le plus de finesse possible les contours du dessin. Les centaines de pièces de bois sont ensuite juxtaposées et collées les unes aux autres. Une fois assemblée, la marqueterie est encollée sur un support rigide et mise sous presse. Elle est ensuite délicatement poncée, la signature de la maison est apposée et le tableau est ciré ou verni.